Impacts de la moule zébrée au Témiscouata : une menace bien réelle

par Ozero Solutions | 29 mai, 2025 | Blogue
Depuis sa détection en septembre 2022, la moule zébrée bouleverse l’écosystème du lac Témiscouata et inquiète l’ensemble de la région. Originaire d’Eurasie, cette petite moule d’eau douce se distingue par sa capacité de reproduction fulgurante : une seule femelle peut libérer jusqu’à un million d’œufs par saison, permettant à l’espèce de coloniser rapidement de vastes surfaces (Les enjeux environnementaux des plans d’eau du Témiscouata, 2025).
Les impacts sont multiples et touchent autant l’environnement que l’économie :
- Perturbation de la chaîne alimentaire: La moule zébrée filtre de grandes quantités de plancton, privant ainsi les autres espèces aquatiques de nourriture et fragilise les populations de poissons et de moules indigènes (Gouvernement du Canada, 2023).
- Menace pour les espèces indigènes: Elle se loge sur les moules locales, les empêchant de se nourrir ou de se déplacer, ce qui accélère leur déclin (RAPPEL, 2023).
- Augmentation du volume d’algues toxiques : En filtrant sélectivement le plancton, la moule zébrée favorise la croissance d’algues toxiques (bleu vert) dégradant la qualité de l’eau (Gouvernement du Canada,2023).
- Dommages aux infrastructures: Les colonies obstruent les infrastructures présentes, endommagent les bateaux, les quais et les équipements nautiques, générant des coûts de maintenance importants (Les enjeux environnementaux des plans d’eau du Témiscouata, 2025).
- Dégradation des plages: Les coquilles coupantes rendent les plages moins accueillantes pour les baigneurs et les activités récréatives.
Depuis sa détection, le ministère de l’Environnement du Québec, en collaboration avec plusieurs partenaires, a intensifié la surveillance de nombreux plans d’eau dans la région du Bas-Saint-Laurent. Entre 2023 et 2024, une vingtaine de lacs ont fait l’objet d’analyses poussées, combinant observations sur le terrain, échantillonnages d’ADN environnemental et études du zooplancton (MELCCFP,2025).
Les points à retenir de cette plus récente analyse :
- Les inspections visuelles menées au cours des deux dernières années n’ont pas permis de repérer de moules zébrées adultes.
- Néanmoins, des traces d’ADN de cette espèce ont été retrouvées dans dix lacs, ce qui suggère une présence discrète, mais réelle.
- La détection de larves (véligères) dans quatre plans d’eau confirme que la moule zébrée s’y reproduit activement.
- Sur les 22 lacs surveillés, douze présentent des conditions favorables à l’installation de la moule zébrée, tandis que quatre sont considérés comme à risque.
- Au lac Témiscouata, la population de moules zébrées a explosé, passant de 150 à 20 000 individus par mètre carré en seulement deux ans (MELCCFP,2025).
La nouvelle invasion de Limnoperna fortunei en Californie : un signal d’alarme
En octobre 2024, une nouvelle espèce envahissante, la Limnoperna fortunei, a, elle aussi, été détectée pour la première fois en Amérique du Nord soit en Californie (CFDW News, 2025). Originaire d’Asie, cette moule partage de nombreux traits avec la moule zébrée : reproduction rapide, colonisation de surfaces, filtration massive du plancton et perturbation des écosystèmes aquatiques (Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes de l’Ontario, 2025).
Les autorités californiennes ont rapidement mis en place un plan d’action d’urgence pour tenter de contenir cette nouvelle menace, illustrant la gravité de la situation et la difficulté de gérer une invasion une fois l’espèce établie (Los Angeles Times, 2024).
Un envahisseur n’en chasse pas un autre : le risque de cumul
L’exemple du Témiscouata et de la Californie démontre un point crucial : la présence d’une espèce envahissante n’empêche pas l’arrivée de nouvelles. Au contraire, chaque nouvelle introduction ajoute une pression supplémentaire sur les écosystèmes déjà fragilisés en plus d’amplifier les impacts négatifs, compliquer la gestion et accélérer la perte de biodiversité locale.
Conclusion : agir ensemble, ici et maintenant
Au Témiscouata, la vigilance reste de mise : le risque d’introduction d’autres espèces exotiques demeure élevé. En effet, la moule zébrée se propage principalement par le transport accidentel sur les embarcations et leur équipement, surtout lorsque ceux-ci ne sont pas correctement lavés et séchés. Une fois installée dans un plan d’eau, cette espèce envahissante est pratiquement impossible à éradiquer. Pour freiner sa dispersion, il est essentiel d’adopter systématiquement des mesures simples, mais efficaces, comme laver, vider et sécher tout matériel nautique après chaque utilisation. La vigilance citoyenne est également cruciale : toute observation suspecte doit être signalée aux autorités, idéalement avec une photo et les coordonnées précises du lieu (MELCCFP,2025).
Le Témiscouata, comme la Californie, est à la croisée des chemins : c’est par la prévention et la rapidité d’action que nous pourrons préserver la richesse et la beauté de nos milieux aquatiques pour les générations futures.